Ce système comprend les dispositifs de récolte, de filtration, de stockage et de distribution des eaux pluviales. Pour faciliter l’entretien, rationnaliser l’installation et répondre aux exigences de bruit, l’emplacement de tous les composants doit être réfléchi.
Cuve et ses accessoires © GEP
Récolte
- Les toitures en pente recouvertes de tuiles ou d’ardoises sont les plus appropriées à la récolte d’eau de pluie grâce à leur nature inerte. En revanche, il faut être attentif à l’amiante qui peut libérer des fibres dans l’eau. L’orientation sud-ouest permet également une collecte optimale.
- Le type d’étanchéité des toitures plates peut influencer la qualité de l’eau récoltée.
- Les toitures vertes réduisent la quantité d’eau récoltée et peuvent également provoquer une coloration brun-jaune de l’eau récupérée. Cependant, un filtre à charbon actif résout ce problème.
- Les balcons et les terrasses ne peuvent être raccordés à la citerne car l’eau récoltée peut être potentiellement polluée par des produits de nettoyage ou d’autres substances inappropriées.
Pré-filtration (avant la cuve)
L’eau récoltée est préfiltrée pour diminuer le dépôt de matières organiques dans la cuve, l’encrassement de l’installation, les odeurs et la coloration brune de l’eau. Étant donné l’importance de leur rôle, les préfiltres doivent être placés à des endroits facilement accessibles en vue d’un nettoyage régulier.
Crépine
Dans la corniche, une posée à la jonction avec la descente d’eau empêche l’obstruction de celle-ci par des feuilles ou des gravillons.
Ce premier élément de filtration a un coût faible et un impact important sur la pérennité du système.
Filtres plus fins
En fonction de l’environnement (présence de végétations, d’oiseaux…), des filtres plus fins sont installés entre la corniche et la cuve.
Ils peuvent être enterrés ou placés directement sur la descente d’eau de pluie ou à l’entrée de la cuve.
Préfiltre à l’entrée de la cuve © Graf
Volume de
Pour limiter la formation de boue dans la cuve principale, une pré-filtration peut être assurée par un volume de décantation.
Ce volume dans lequel transite l’eau de pluie peut être soit :
- un compartiment intégré à la cuve ;
- une cuve indépendante. Cette solution est recommandée par le Buildwise (anciennement Centre Scientifique et Technique de la Construction). Lorsque les cuves sont installées en série, la première joue ce rôle.
Stockage
L’eau est récoltée dans une cuve dont les conditions de stockage influencent la qualité.
Cuve maçonnée ou en béton
Avantages
- Son poids lui permet de bien résister à la pression de l’eau souterraine.
- Son coût est plus faible que celui des cuves synthétiques.
- Ses composants alcalins (présents dans le ciment) neutralisent progressivement l’acidité de l’eau.
- Son inertie assure une température constante de l’eau.
Inconvénients
L’installation d’une nouvelle cuve n’est pas toujours possible à cause de son poids et/ou de sa gamme de choix limitée. Ainsi, la pose en intérieur d’îlot peut s’avérer compliquée.
Ancienne citerne maçonnée
Certaines maisons bruxelloises disposent d’une ancienne citerne non exploitée. En fonction de sa capacité, de son état, de son implantation…, il est possible de réaliser un système pour un usage étendu ou restreint.
La citerne doit être vidée et nettoyée afin de contrôler son étanchéité et l’absence de fissures. En fonction, elle est recimentée avec un enduit imperméable composé de chaux et de ciment.
Il faut également vérifier que le trop- plein n’est pas bouché et qu’il peut être raccordé au réseau d’égouttage.
Cuve en matière synthétique
Avantages
- Une vaste gamme de dimensions et de formes est disponible.
- La capacité de stockage peut être augmentée en plaçant plusieurs petites cuves en série. Idéal dans le cadre d’une rénovation, d’un accès étroit, etc.
- Le faible poids de la cuve permet une installation sans l’aide d’une grue.
- Une cuve synthétique souple peut être placée dans des vides sanitaires, des espaces réduits, etc. Elle doit être manipulée avec attention pour éviter tout risque de perforation.
Inconvénients
- La cuve enterrée résiste moins bien à l’éventuelle pression de l’eau souterraine, en raison de son faible poids. Elle pourrait de ce fait remonter à la surface.
- La matière synthétique ne permet pas de diminuer l’acidité de l’eau. Cependant, il est possible d’ajouter des graviers calcaires pour résoudre cet inconvénient.
- Pour un placement hors-sol à l’extérieur, la cuve doit résister aux rayons ultraviolets afin d’augmenter sa longévité et être opaque pour limiter la prolifération de micro-organismes, d’algues, etc.
- Les parois de la cuve sont issues de la pétrochimie. Toutefois, il existe des modèles en matière recyclée.
Implantation
L’implantation d’une nouvelle cuve dépend des impératifs liés à son bon fonctionnement ainsi que des caractéristiques du terrain et du bâtiment.
La cuve est implantée à proximité du local technique et des points de puisage pour limiter les tuyauteries de distribution et la puissance de la pompe.
Elle peut se trouver soit à l’intérieur (cave ou vide ventilé), soit à l’extérieur (hors-sol ou enterrée).
Si elle est enterrée, elle doit être placée à une distance suffisante des fondations de la maison, des racines des arbres, ect. En cas de conditions particulières (terrain instable, présence d’une nappe aquifère, voie carrossable…), il est nécessaire de prendre des dispositions lors de la mise en œuvre.
Accessoires de la cuve
- L’eau de pluie entre dans la cuve par un dispositif anti-remous. Cela permet d’éviter que l’eau entrante ne remue les couches de sédiments qui stagnent dans le fond.
- Si le dispositif de pré-filtration n’est pas optimal, un diffuseur de fines bulles peut être ajouté pour oxygéner l’eau stockée. Il limite la fermentation des matières organiques à l’origine de la coloration de l’eau et des odeurs. Son impact environnemental (de par sa consommation électrique) n’étant pas négligeable, il doit être utilisé avec parcimonie.
- Dans le haut de la cuve, un siphon de trop-plein évacue l’eau de pluie excédentaire, éliminant en même temps les poussières, les particules flottantes et les matières grasses situées à la surface de l’eau. Il doit impérativement être positionné au-dessus du niveau du réseau d’égout ou du système d’infiltration.
- À la sortie du trop-plein se trouve une grille qui empêche l’intrusion de nuisibles, ainsi qu’un clapet anti-retour à fermeture automatique. Celui-ci évite la contamination de l’eau de la cuve par celle du réseau d’égout, ainsi que les retours d’odeur.
- À la surface de l’eau, une d’aspiration filtrante et un flotteur positionnent la prise d’eau à environ 10 cm sous sa surface, là où la qualité de l’eau est la meilleure.
Post-filtration (après la cuve)
Elle n’est pas nécessaire pour l’arrosage des jardins et pour le rinçage des toilettes lorsqu’une pré-filtration efficace est installée.
En revanche, l’eau peut être filtrée encore plus finement pour améliorer sa qualité et protéger les équipements des risques d’encrassement.
Filtres sous forme de « Triplex »
La combinaison de ces trois filtres est généralement installée sous forme de « Triplex ».
L’ingestion de l’eau de pluie, même minime, peut être dangereuse
Les bains, douches et lave-vaisselles exigent une eau de qualité équivalente à celle du réseau de distribution de ville.
Des traitements supplémentaires, physiques ou chimiques (microfiltration, osmose inverse, désinfection par filtre ultraviolet, etc.), assurent la désinfection et la potabilisation de l’eau.
Ces systèmes sont généralement onéreux, complexes et énergivores. Ils nécessitent un entretien et un contrôle constant par un professionnel. Ils sont rarement mis en place en zone urbaine.
Distribution
L’eau stockée dans la citerne est prélevée par une pompe, filtrée puis distribuée aux différents points de puisage par un réseau complètement séparé de celui de l’eau de ville.
Pompe
Cette page conseil se concentre sur trois types de pompes centrifuges les plus couramment rencontrées.
- La pompe directe possède de nombreux avantages. Elle offre un débit régulier, possède de bons rendements, est compacte, peu coûteuse et d’usage aisé. Elle dispose d’une protection interne empêchant le fonctionnement à sec. Cependant, elle démarre à chaque demande, ce qui augmente la consommation électrique, les nuisances sonores et diminue sa durée de vie.
- Le groupe hydrophore est la combinaison d’une pompe centrifuge et d’un réservoir. De ce fait, il est plus volumineux et plus onéreux. Le réservoir présente l’avantage de diminuer le nombre de démarrages et de permettre une alimentation automatique en eau de ville lorsque la cuve est vide. En revanche, des bactéries pourraient se développer sur la membrane du réservoir.
- La pompe immergée se place directement dans la cuve, ce qui engendre un gain de place et limite les problèmes de bruit. Pour son bon fonctionnement, il est important qu’elle soit immergée en permanence. Elle coûte généralement plus cher qu’une pompe directe mais moins qu’un groupe hydrophore.
Attention
Les qualités et les propriétés mécaniques des différentes pompes peuvent avoir un impact sur la pression obtenue aux points de puisages, l’amorce du système, le bruit des équipements, la corrosion, etc.
Système de basculement
Les toilettes et le lave-linge nécessitent un approvisionnement continu, même en cas de cuve vide. Pour garantir leur bon fonctionnement, des dispositifs permettent de basculer vers l’alimentation en eau de ville tout en maintenant la disconnexion conforme entre les réseaux de distribution d’eau de ville et d’eau de pluie. Il est impératif que ces derniers soient complètement séparés afin d’éviter tout risque de contamination du réseau de ville.
Il existe des systèmes manuels et automatiques qui remplissent directement la cuve. Dans ces deux cas, une disconnexion doit-être assurée par une séparation physique (d’air libre) d’au moins 2 cm. Il est également possible de placer une jauge permettant de contrôler le remplissage afin d’éviter tout gaspillage.
Un autre système automatique plus complexe du type groupe hydrophore permet d’alimenter directement les appareils. Sa conception garantit la disconnexion réglementaire.
Conformité du système de basculement
Le basculement, qu’il soit automatique ou manuel, doit être conforme aux « Prescriptions techniques – Installations intérieures » établies par Belgaqua.
Une liste des appareils certifiés conformes permettant ce basculement automatique est également consultable sur leur site.
Le distributeur d’eau de ville (Vivaqua) peut à tout moment venir contrôler le système de basculement. Par ailleurs, afin de s’assurer de la bonne conformité de son installation, tout propriétaire d’une citerne peut spontanément demander un contrôle.
Pour plus d’informations, consultez Belgaqua
Réseau de distribution d’eau de pluie
Il est nécessaire d’identifier clairement les deux réseaux d’alimentation (eau de pluie et eau de ville).
Les prescriptions de Belgaqua prévoient notamment que :
- les points de puisage d’eau de pluie doivent être signalés par un pictogramme « eau non potable » ;
- les différentes canalisations d’eau doivent être clairement marquées pour faciliter leur identification ;
- les différents réseaux de distribution et leurs composants doivent être représentés sur un schéma de principe qui doit être précieusement conservé.